Le truc dans le tour de magie
« Pourquoi l’illusionniste ne révèle-t-il pas ses secrets ? La plupart des ouvrages du XXe siècle traitant de l’exécution des tours de magie laissent penser qu’il le fait dans l’intérêt des profanes. Les lecteurs qui n’ont pas pu s’identifier à ces profanes ont regretté un temps où l’émerveillement leur était possible : l’enfance. Ils se sont résignés, mais l’envie leur est venue de faire vivre à d’autres l’expérience qui leur avait été décrite. Et, comme il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux sans avoir entendu parler de l’amour, il existe des illusionnistes qui n’auraient jamais fait de tours sans avoir cru qu’il existait des profanes. On a même été jusqu’à affirmer que le tour ne prenait son sens qu’en présence d’un public qui en ignore le secret.
Le magicien boiteux met sa propre expérience au centre de sa pratique, il permet au destinataire premier du tour de magie de ne pas être profane. Qu’en est-il, alors, de la révélation du secret ? Parmi les illusionnistes qui l’ont pratiquée, ou qui ont mis l’accent sur la recherche du truc, nombreux sont ceux qui ont partagé leurs secrets à des personnes qu’ils supposaient profanes. Ils ont fait naître des vocations, ils ont perdu l’assentiment de spectateurs refusant d’entrer dans leur jeu. Mais tous les initiateurs n’ont pas prétendu s’adresser à des spectateurs méconnaissant leur art. Jacques Delord a posé les bases d’une pratique ne consistant pas à tromper les sens de son prochain, mais à s’enchanter et à essayer de partager une expérience vécue dans le présent.
En suivant une telle voie, on fera rêver à un monde dans lequel, si l’illusionniste révèle ou ne révèle pas ses secrets, ce n’est pas parce qu’il présuppose que ses spectateurs sont des profanes qui devraient, ou non, le rester, mais parce qu’il refuse de préjuger leurs connaissances, parce qu’il refuse de partir du principe selon lequel ils correspondraient à ceux qu’ont si magnifiquement donné à imaginer tant de textes théoriques du siècle dernier. »
L’éditeur attire l’attention du futur lecteur sur le fait que ce livre n’est pas destiné aux magiciens souhaitant apprendre des tours clef en main, mais plus à ceux qui cherchent à en étudier la théorie pour mieux les pratiquer. Les explications données ont plus pour vocation de faire naître une réflexion que d’apporter une réelle explication du tour de magie.
Ouvrage tiré à 100 exemplaires, avec couverture en papier vergé
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