Résumé :
Cette vidéo est une interview de Sébastien Thill, qui se décrit lui-même comme un « dandyllusionniste ».
Voici les points clés abordés dans la vidéo :
- Définition de « dandyllusionnisme » : Sébastien explique qu’il a trouvé ce terme en associant le dandysme et l’illusionnisme. Il aime remplacer des mots clés dans des théories ou des titres par « magie », ce qui crée de nouvelles perspectives. L’association « dandy et magie » ne lui semblait pas naturelle, mais « dandy et illusionnisme » sonnait bien. Il voit le dandysme comme une façon de casser les codes, de se mettre en scène, d’utiliser les mots et les accessoires pour affirmer une identité un peu à rebrousse-poil. Les dandys cherchent à déplaire mais finissent par être admirés pour leur liberté d’être. Il établit un parallèle entre l’esprit dandy et l’art magique, car faire de la magie, c’est aussi sortir des sentiers battus et remettre en question la réalité.
- Influences du dandysme : Ses lectures de littérature du 19ème siècle, notamment Butler, Balzac et Oscar Wilde, l’ont beaucoup influencé par leur style et leur art de la formule. Il cite également Gainsbourg comme une figure dandy. Pour lui, un dandy n’est pas forcément quelqu’un de très apprêté, mais plutôt quelqu’un qui veut se démarquer, à l’image de Ginsbar. Oscar Wilde disait : « N’essayez pas d’être quelqu’un d’autre, ils sont déjà tous pris. Soyez vous-même ». Pour Sébastien, un tour de magie incarne cette idée.
- Création de son personnage et univers : Il pense qu’il faut se connaître pour créer son personnage et son univers. Pour lui, c’est venu de la littérature, notamment des auteurs comme Mark Twain. Sherlock Holmes, avec son côté provocateur et austère, est également une influence importante. Contrairement à l’image répandue du dandy comme une personne de salon, il les voit plutôt comme des personnes à la marge.
- Le dandysme dans sa magie : Son style se manifeste par l’utilisation d’objets anciens comme de vieilles lorgnettes, d’anciennes marionnettes et des petits théâtres d’ombre, plutôt que des objets modernes. Il y a un côté originel du dandysme lié au 19ème siècle, une période d’industrialisation et d’uniformisation que le dandysme conteste en valorisant ce qui est en dehors des normes. Il a une allure un peu 19ème dans son vêtement, ce qui pourrait faire penser à une magie classique à la Robert-Houdin, mais sa magie ne ressemble pas à cela, ni dans sa façon de parler ni dans les effets présentés. Il parle de références anciennes comme Méliès.
- Interaction avec le public : Il aime partager ses connaissances littéraires et cinématographiques, non pas pour étaler sa science, mais pour partager et parfois créer de nouvelles perspectives sur des choses connues. Il apprécie de jouer avec les spectateurs qu’il perçoit comme « réfractaires » au départ, en instaurant une relation où il ne s’agit pas de compétition ou de démonstration de force, mais de partager des objets et des histoires.
- Livres marquants :
- Non magique : Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, qu’il trouve très touchant dans son échange sur l’écriture et la vie. Il apprécie aussi Le Petit Prince et Alice de l’autre côté du miroir pour leur capacité à parler de choses profondes avec simplicité. Il s’est intéressé tardivement aux contes pour enfants et y voit une forme de dandysme dans les personnages à la marge qui deviennent admirables.
- Magique : Il a lu beaucoup de livres de Ricky Jay, notamment en lien avec les « freak shows » et la contextualisation des objets. Il apprécie également les livres théoriques de Roberto Giobbi comme L’arc-en-ciel et Les Cinq Points Magiques, ainsi que Expert at the Card Table d’ Erdnase pour la technique. Cependant, ce qui le marque le plus n’est pas l’aspect technique des tours, mais l’impact qu’on peut avoir avec peu de choses, comme L’Imprimerie. Il trouve inspirant la manière dont Dominique Duvivier détourne les faiblesses d’un tour pour en faire un effet supplémentaire, ce qu’il perçoit comme très « dandy ».
- Vision de la magie : Il encourage à pratiquer, voir et lire la magie, ainsi qu’à lire sur le dandysme, qu’il trouve très inspirant comme tournure d’esprit. Il voit la magie non pas comme une fuite de la réalité, mais au contraire comme une observation attentive de ce qui nous entoure pour en tirer des idées. C’est une question de curiosité.