Résumé :
Dans cette nouvelle vidéo, Céline Noulin aborde la question des femmes dans la magie. Contrairement à l’idée reçue de leur absence, elle affirme que les femmes ont toujours été présentes dans l’univers magique, mais que leur rôle a souvent été occulté ou minoré. Dès l’Antiquité, on retrouve des familles entières de « sorcières » qui se transmettaient des techniques de mère en fille. Cependant, très tôt, dès l’Antiquité, s’est mis en place le stéréotype de la sorcière, ce qui a eu une influence considérable sur les pratiques magiques féminines. On a considéré que les femmes ne devaient pas être créatives pour conserver leur féminité, reléguant ainsi le travail intellectuel et créatif principalement aux hommes.
Cette situation a perduré au fil des siècles, et au début du 20e siècle, la plupart des femmes étaient cantonnées au rôle d’assistantes de magicien. Bien que ce rôle fût souvent fondamental, leur statut était celui d’auxiliaire. Il y a donc un réel besoin de réécrire la place des femmes dans l’histoire de la magie en étudiant leur rôle de manière plus conforme à la réalité. Pour Céline Noulin, les femmes ont toujours existé dans la magie, mais elles ont dû faire face à d’innombrables obstacles.
L’histoire de la magie est liée à celle de la médecine, et l’exclusion progressive des femmes des universités, des cercles intellectuels et des sociétés savantes a eu un impact énorme. Elles n’avaient pas accès aux accessoires et ont donc accumulé un retard colossal en termes de découvertes et d’apprentissage, qui n’a commencé à se combler que très progressivement à la fin du 19e siècle, avec l’ouverture progressive des professions. Malgré cela, Céline Noulin insiste sur le fait qu’elles ont toujours été là. Aujourd’hui, elle se réjouit de voir des femmes présentes dans toutes les catégories et formes esthétiques de la magie. Il est important de mieux les connaître et de les mettre en valeur pour renforcer leur confiance.
En réponse à une question sur les initiatives visant à remettre en lumière ce patrimoine, Céline Noulin mentionne « Magical Woman », une initiative américaine. Elle souligne que les États-Unis ont souvent été novateurs en matière de droits des femmes, et c’est dans les années 70 que l’on a vu l’ouverture de la profession de magicienne, avec des femmes comme Lisa Mena et Diana Zimmerman devenant même conseillères conceptrices d’effets magiques et conférencières. Elle trouve particulièrement intéressant cette approche plurielle de la magie et constate que de nombreuses magiciennes actuelles font des croisements entre les disciplines artistiques.
Céline Noulin déplore un déficit de communication concernant les femmes magiciennes. Elle salue des initiatives comme la rubrique « Les femmes en magie » dans la revue de la Fédération, qui permet de découvrir de nouvelles magiciennes souvent inconnues. Selon elle, les femmes sont souvent moins sûres d’elles et se mettent moins en avant, ce qui est lié à l’histoire. Il est donc important de mettre en place des réseaux de solidarité et des plateformes professionnelles. Elle mentionne des réunions entre magiciennes françaises initiées par l’impulsion de « Magical Woman » et Cony Boyd. Elle note la puissance de frappe des initiatives américaines, relayées par des magazines célèbres comme Vanish, et encourage à s’en inspirer et à créer des connexions internationales. La magie étant un art visuel, elle dépasse les frontières linguistiques.
Céline Noulin évoque ensuite Bénita Anguinet (magicienne sur laquelle nous avons publié une biographie), une grande magicienne du 19e siècle qui a eu son propre théâtre. Elle souligne l’importance du livre qui lui est consacré, un fait rare pour les magiciennes de cette époque. Elle est marquée par ses 40 ans de carrière, sa capacité à s’adapter au marché (notamment en partant en Espagne et au Portugal après avoir conquis le public français) et son courage en tant que femme à cette époque. Elle imagine les difficultés logistiques qu’elle a pu rencontrer, à une époque où les magiciens devaient tout faire eux-mêmes. Pour Céline Noulin, Bénénittin est une référence pour les femmes magiciennes d’aujourd’hui.
Concernant ses recommandations de lecture, Céline Noulin incite à la curiosité et à explorer diverses formes d’art, comme le cinéma et la littérature. Elle cite Romain Gary comme un écrivain qui semblait connaître la magie et dont les œuvres peuvent être une source d’inspiration. Elle encourage à ne pas se cantonner à la littérature technique, mais à croiser les disciplines pour trouver des thèmes d’inspiration, car pour elle, la narration est l’avenir de la magie. Elle imagine un avenir où la technique est maîtrisée au point d’être oubliée, laissant place à l’émotion et à des numéros qui marquent profondément le public. Elle cite des artistes comme la compagnie 14:20, Jérôme Mura et Xavier Mortimer, ainsi que l’importance du travail sur la lumière et l’image dans la magie. Elle encourage à la curiosité tous azimuts et aux rencontres inattendues pour trouver la magie là où on ne l’attend pas .
Ainsi, cette vidéo, tout comme celle que nous avons précédemment résumée, met en lumière l’importance de l’histoire et du patrimoine de la magie, en se concentrant ici sur la contribution souvent invisibilisée des femmes à cet art.