Résumé :
Cette vidéo présente un entretien avec Claude de Piante, le créateur de la Compagnie du scarabée jaune, fondée il y a 25 ans, dont l’objectif est de créer des expériences et des aventures immersives mêlant la magie et le théâtre. Claude de Piante se définit comme un « raconteur d’histoire magique », magicien mentaliste ayant également travaillé l’hypnose et étant adepte de la psychomagie.
Origines et influences de la compagnie :
- L’intérêt de Claude de Piante pour l’arnaque et l’escroquerie durant ses études de droit, ainsi que sa rencontre avec Henry Desroches, un sociologue aux idées originales, l’ont marqué et poussé vers la narration et les histoires « bizarres et magiques ».
- Passionné de magie et formateur en communication, il a eu l’idée d’allier ces deux domaines en racontant des histoires dans des lieux historiques, utilisant la magie et le mentalisme pour immerger le public, initialement pour des séminaires d’entreprise.
- La Compagnie du scarabée jaune est née de cette volonté de créer des aventures immersives avec d’autres comédiens et magiciens.
- Le nom fait référence au « Scarabée d’or » d’Edgar Allan Poe pour le côté fantastique et à la marque « ligne jaune » de Jacobs pour l’aspect coloré et moins prétentieux.
L’approche de la Compagnie du scarabée jaune :
- La compagnie mélange le théâtre et la magie sous diverses formes (illusionnisme, magie de cabaret, mentalisme, hypnose) pour créer des aventures immersives.
- L’idée est de faire entrer les gens dans un film en utilisant la magie pour crédibiliser des univers fantastiques et les plonger dans une autre réalité.
- Les spectacles sont souvent déstructurés, commençant dans un lieu pour se déplacer vers d’autres, avec un fil narratif et du suspense. Un exemple est donné d’un événement à l’abbaye de Fontevraud pour le groupe Avas, incluant un spectacle, un déplacement en extérieur avec des flambeaux, un rituel et une lévitation aboutissant à la découverte d’un coffret.
- La compagnie compte une dizaine de personnes, comprenant des comédiens et des magiciens.
La Casa des Merveilles :
- La Casa des Merveilles est le lieu du Scarabée Jaune, comprenant un théâtre de 60 places où sont donnés des spectacles publics.
- Ce lieu a également été un atelier de fabrication de grandes illusions en collaboration avec Pierre Yogano (Yogano Production), principalement pour les besoins de la compagnie, mais cette activité a été arrêtée en raison des coûts et de l’évolution des demandes des magiciens.
- La Casa des Merveilles est aussi un lieu de formation.
Les formations proposées :
- Les formations sont centrées autour de la narration magique et hypnotique.
- Des formations sur la narration magique autour du cabaret ont été créées avec Jean Merlin.
- Ces formations visent à donner aux magiciens les outils pour construire des histoires cohérentes et pour développer le jeu d’acteur spécifique au magicien.
- Les formations durent environ deux jours.
- Elles apprennent aux magiciens à se poser des questions importantes sur leur public et sur ce qu’est une histoire cohérente et un bon acteur.
- L’objectif est de permettre au magicien de se retrouver face au public avec tous ses potentiels et d’être sincère. Le rôle de l’acteur est aussi d’enlever les masques.
- Un magicien doit démontrer un phénomène magique, et si une partie de cela relève de l’illusionnisme, une autre partie est de l’art de l’acteur qui participe à la preuve du phénomène.
- Un bon jeu d’acteur permet de susciter la « suspension de croire » chez le spectateur, qui accepte alors l’histoire et ne cherche pas le truc.
- Les formations travaillent sur la construction narrative en utilisant des méthodologies de scénaristes, s’interrogeant sur le héros, le phénomène magique et sa cohérence. Des exemples de spectacles de mentalisme incohérents sont donnés.
- L’exemple du spectacle de spiritisme d’Eve Opchka est cité pour illustrer comment une narration forte et des phénomènes magiques bien présentés peuvent créer une émotion profonde chez le spectateur. L’inconscient du spectateur repère la non-sincérité et bloque la suspension de croire.
- La différence entre une bonne et une mauvaise narration réside dans la capacité à engager l’inconscient du spectateur et à créer une immersion.
Conseils pour la narration magique :
- Le premier conseil est de savoir ce que l’on raconte.
- Le deuxième est de s’interroger sur la cohérence des phénomènes magiques : d’où vient la magie, quel est le phénomène, pourquoi le magicien a ce pouvoir, quelle est son histoire.
- Tout commence par le personnage. La Compagnie du scarabée jaune utilise souvent les mêmes personnages dans des aventures différentes, comme dans Tintin.
- Des exemples de personnages sont donnés : Eve Opchka la voyante, Rodolpo le frère de Claude et patron d’un tripot clandestin. L’immersion dans le tripot est décrite comme une expérience théâtrale où les personnages racontent des histoires et où la tricherie et l’arnaque sont mises en scène, créant un suspense.
- Il est important de définir qui est le personnage du magicien, d’où il vient, pourquoi il y a le phénomène magique, quelles sont ses failles et faiblesses pour que le public puisse s’identifier à lui.
- Le personnage du « Trixter » (le rusé, le malin), présent dans les routines de Jean Merlin, est un archétype mythologique qui parle à tous car il se sort des catastrophes grâce à sa ruse et sa force de vie. Des figures comme Buster Keaton et Chaplin sont des Trixters.
- Les histoires qui font vibrer épousent souvent une structure narrative de base. Si des artistes comme Jean Merlin le font intuitivement, la formation peut apporter une méthodologie pour ceux qui n’ont pas ce « génie ». L’idée des formations est d’offrir des méthodes qui donnent une structure de base, quitte à les abandonner ensuite.
