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Comment breveter un tour de magie ?

S’il y a bien une question qui revient souvent, c’est sans aucun doute celle sur comment protéger une œuvre, et plus particulièrement un tour de magie. Face au peu d’informations traitant du sujet, nous avons décidé de faire cet article, en espérant que vous puissiez y voir plus clair !


Les deux grandes familles de propriété intellectuelle

Le droit est vaste, mais en ce qui nous concerne, on peut résumer nos intérêts en deux grandes familles sur la propriété intellectuelle.

Il y a tout d’abord la propriété littéraire et artistique (typiquement celle qui régit les droits sur une musique, un livre, ou encore le texte d’un spectacle). Elle protège les « oeuvre de l’esprit ».

Ensuite, vient également la propriété industrielle qui concerne elle les « créations techniques » (la fabrication d’un objet par exemple).

Lorsque l’on a compris la distinction entre ces deux familles, on se rend compte que le tour de magie fait office de mouton à cinq pattes. En effet, si l’on souhaite « déposer un tour », que déposerait-on vraiment ? Le texte du tour (propriété artistique) ? Ou le gimmick utilisé (propriété industrielle) ? Et qu’en est-il si le tour ne repose que sur de la simple manipulation, sans aucun autre accessoire truqué ?

La complexité de protéger une idée

Pour faire simple : une idée en tant que telle n’est pas  Seule sa « mise en scène » l’est, ce qui va décevoir toutes les personnes ayant une idée « révolutionnaire » mais n’ayant concrètement rien produit à partir de celle-ci. L’idée seule ne peut pas être protégée, et ne sert de toute façon pas à grand chose. Au-delà du droit, une idée reste inintéressante tant qu’elle n’est pas concrétisée.

Mais si vous parvenez à déposer votre idée (via la propriété artistique ou industrielle comme nous l’avons vu) vous allez faire face à un nouveau problème : celui du coût. Toute demande de brevet ou de protection d’une idée coûte de l’argent, et les sommes engagées vont en général dépendre du niveau de protection souhaité. Si vous brevetez un mécanisme pour sa commercialisation dans un pays, ce ne sera pas le même tarif d’appliqué pour la même chose mais dans l’ensemble des pays du monde.

Comment utiliser le droit d’auteur

Malgré les apparences, faire appliquer le droit d’auteur, ou en tous cas faire que son oeuvre soit protégée par celui-ci est on ne peut plus simple. La protection d’une oeuvre est automatique dès lors qu’elle existe. Il n'est pas nécessaire de faire un dépôt pour que l'œuvre soit protégée. Il faut d’ailleurs savoir qu’en France, le droit d’auteur est valable jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur.

Si vous souhaitez avoir une preuve que vous avez créé une oeuvre à une date précise, une technique simple et efficace est celle de s’envoyer à soi-même une lettre recommandée avec à l’intérieur une description précise de votre oeuvre. Il vous suffira de conserver cette enveloppe scellée, et de la présenter si vous avez besoin de démontrer votre antériorité à un moment donné.

Enfin, sachez qu’acheter un tour de magie dans votre boutique favorite ne vous exclue pas de demander l’accord du créateur du tour avant de le faire au-delà de la sphère privée ! Même si cette règle n‘est semble-t-il que trop peu appliquée, lorsque vous achetez un tour de magie, vous n’achetez pas (sauf mention explicite) les droits de le performer à la télévision, sur les réseaux sociaux ou encore en prestation… Cela est valable pour les grandes illusions, mais aussi pour le tour dernier gimmick sorti.


En savoir plus


Le sujet du droit en magie est véritablement complexe et peut laisser perplexe. Guilhem Julia et Pierre Fleury, spécialistes du droits et magiciens, ont fait une vidéo entièrement dédiée à ce sujet, disponible sur YouTube :



Le statut d’intermittent du spectacle