Les coulisses d’une émission TV sur la magie

Découvrez dans ce tout nouvel épisode de Détours de magie notre invité, Christophe Henriet, qui nous raconte comment il a réalisé une émission qui à l’époque a battu le record d’audience : Magiciens leurs plus grands secrets.

Résumé de la vidéo :

Cette vidéo est une interview de Christophe Henriet, l’auteur et producteur de l’émission de télévision « Magicien : vos plus grands secrets ». Il y explique la genèse et la conception de cette émission de magie novatrice.

Le concept de l’émission était de présenter des tours de magie, du simple au complexe, suivis d’une phase de jeu où le public pouvait voter pour l’une des quatre explications proposées. Après le vote, l’effet était refait d’une manière qui contredisait l’explication majoritaire, rendant le tour encore plus incompréhensible. L’idée de ce format ne venait pas d’Henriet lui-même, mais d’une émission anglaise qu’il avait découverte.

Pour lancer l’émission, Christophe Henriet a dû surmonter plusieurs obstacles. Après avoir suscité l’intérêt d’Alexia Laroche-Joubert chez M6, le projet a initialement été proposé à TF1 et accepté par Jean-Luc Reichmann pour la présentation. Cependant, Étienne Mougeotte, directeur des programmes de l’époque, a refusé le projet par crainte de nuire au métier de magicien et a exigé l’accord de la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs (FFAP). Christophe Henriet a obtenu cet accord de Guy Lamelot, le président de la FFAP, à condition qu’il garantisse que de véritables méthodes ne seraient pas révélées.

La création de fausses explications crédibles est devenu un enjeu majeur. Pour cela, Christophe Henriet s’est entouré d’une équipe :

• Gérard Bakner
• Gaetan Bloom
• Kevin James
• Otto Wessely
• Caroline Marx
• Stéphane Leyschon

Convaincre cette équipe de travailler ensemble n’a pas été simple, notamment avec Gaetan Bloom, habitué à travailler seul. Christophe Henriet a dû le rassurer en lui montrant l’ampleur des moyens techniques et humains mis en œuvre.

La conception des tours pour l’émission était guidée par la volonté d’avoir un déroulement fluide, avec une alternance d’effets de différentes ampleurs pour permettre la préparation des numéros en coulisses. Il fallait également veiller à ce qu’il y ait une certaine équité entre les artistes et que les explications ne soient pas redondantes. Des idées parfois loufoques étaient explorées, comme le concept de « magie punitive ».

Christophe Henriet donne plusieurs exemples de tours réalisés :

• L’apparition d’un éléphant, inspirée d’un spectacle de Siegfried & Roy à Las Vegas. Ce numéro a été particulièrement complexe à réaliser car le plateau n’avait pas de trappe, ce qui a nécessité de ruser avec le mouvement de la caméra et du plateau. L’intégration de l’éléphant sur le plateau surélevé a également été pleine d’imprévus et de frayeurs. La disparition prévue de l’éléphant n’a finalement pas pu être réalisée en raison d’un matériel défectueux.
• La disparition de voiture, qui a posé des problèmes de droits avec les marques automobiles, jusqu’à ce qu’une voiture d’un petit constructeur indépendant soit utilisée.
• L’illusion de flying réalisée par Stefan Leyschon au milieu de jets d’eau, qui a été très dangereuse en raison du matériel fourni par un prestataire incompétent. La séquence finale, avec Stefan volant sur la musique de « Dancing the Rain », est restée un moment fort.
• Un tour avec une balle de ping-pong en lévitation, dont la fausse explication impliquait un sèche-cheveux caché, ce qui a eu des retombées amusantes auprès de vendeurs de tours de magie.
• L’illusion de la zigzag, avec une fausse explication d’une femme cachée dans une chaussette noire, qui a incité certains magiciens à remettre ce tour au goût du jour.

Le coût de production d’une telle émission était variable, certaines séquences ne coûtant presque rien (comme l’illusion « Matrix » réalisée avec des vases), tandis que d’autres pouvaient atteindre des sommes importantes (comme l’apparition de l’éléphant). Le délai entre l’idée et la diffusion était d’environ six mois.

La philosophie de l’émission était de privilégier la théâtralité et de s’abstenir de trucages vidéo, afin de respecter le public et de montrer ce qui pourrait potentiellement être réalisé sur une scène de spectacle. Pour Christophe Henriet, le recours à la vidéo pour truquer des effets serait un manque de respect envers le public, surtout lorsque celui-ci est présent sur le plateau pour donner l’illusion du direct.